Ma première étoile

Aujourd’hui, tu aurais dû fêter tes 65 ans.
Déjà 10 ans que tu es partie…
10 ans pendant lesquels il ne se passe pas une journée sans que je ne pense à toi et à la Maman géniale que tu étais, à la Mamie parfaite que tu serais devenue.
Le déni, la colère, l’incompréhension, la tristesse, je suis passée par tous ces sentiments depuis ton départ.
Non, je ne pouvais pas croire que tu ne serais plus jamais là, que tu ne m’appellerais plus le matin quand tu arrivais au travail pour me demander si j’étais bien arrivée aussi et comment ça allait.
Puis la colère a pris le dessus, perdre sa Maman si tôt, avant d’être mère à mon tour, j’aurais eu tant besoin de toi pour me guider.
Faisant petit à petit place à l’incompréhension. Pourquoi les médecins n’ont-ils pas réussi à te soigner toi ? Pourquoi cette maladie est entrée dans nos vies, sans prévenir, nous mettant si rapidement face à cette issue implacable ?
Puis la tristesse nous a enveloppés. La dure réalité de ton absence s’imposait. Papa tout seul à la maison, tous ces gens qui t’aimaient nous témoignant leur soutien, les papiers à trier, les affaires à ranger.

Le temps est passé, la vie a continué. Le destin a voulu que je te perde et que je perde ensuite mon fils. Ces deux deuils n’ont rien de comparable. Mais ils font mal, très mal. Ils te vrillent le cœur et te laissent en miette, vidée. Pour me rassurer, je me disais que tu avais accueilli notre petit Ilian à bras ouverts. Et je me disais que tu n’avais pas eu à vivre tout ce chagrin, tu auras au moins été épargnée par le décès de ton premier petit-fils.

Adil, du haut de ses tout petits 5 ans porte déjà un bagage difficile en ayant une Mamie et un Grand Frère au Ciel. C’était notre choix de lui parler de vous, de ne rien lui cacher. Quelques fois je me dis que c’est dur pour lui, que nous avons peut être mal fait. Et puis quand il parle d’Ilian et de toi, sa Mamie Ginette au Ciel, vous, nos anges qui soufflez sur les nuages pour nous laisser du soleil pendant les vacances, qui fabriquez les arc-en-ciel avec des pinceaux où qui recevez les ballons envoyés pendant la Fête des Anges je me dis qu’il a bien de la chance de le savoir et de comprendre tout ce que cela implique.

Je suis très attachée aux différents signes que je reçois depuis le départ d’Ilian. Comment ne pas l’être quand les médecins ont fixé comme date de début de ma dernière grossesse le 3 février, jour de ton anniversaire ? C’est ce qui m’a fait croire en cette joie à venir, c’est ce qui m’a donné confiance. Toi tu étais là, sur mon épaule gauche, et Ilian sur la droite.

Maintenant, il me reste les souvenirs, les photos, l’éducation que tu nous a donnée, tes petites astuces que j’utilise encore dans la vie de tous les jours. Une petit verre d’eau froide dans la pâte à crêpes une fois qu’elle a reposé et juste avant de les faire cuire. Ta recette du flan à la noix de coco, couchée sur le papier, de ta belle écriture. Ramasser les pissenlits quand la terre est encore un peu gelée, quitte à se glacer le bout des doigts. Et je sais depuis longtemps pourquoi j’aime tant passer du temps dans la maison qui t’a vue naître, au fin fond de la campagne Limousine. Je me sens proche de toi comme jamais quand je suis là-bas.

L’autre jour, dans le bus, j’ai vu une dame qui lisait un livre. Elle avait protégé la couverture avec un film plastique. Je me suis souvenue alors que tu le faisais aussi. J’avais oublié. Et ça m’a fait sourire, ça m’a donné chaud au cœur, comme un souvenir de toi retrouvé.

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7 réflexions sur “Ma première étoile

  1. Mon dieu, tu viens de me faire pleurer ! On ne mesure jamais assez la chance d’avoir ceux que l’on aime auprès de soi ! Tu viens de me le rappeler ! Je crois comme toi aux anges, mes êtres chers trop tôt partis, je leurs parle la nuit au cours de mes insomnie et je reve d’eux, ce qui me permet de les retrouver !
    Merci pour ce témoignage poignant !
    Pimprenelle
    http://www.cinquanteansetalors.com

    • Merci pour tes jolis mots. C’est vrai qu’une fois passée la douleur, il est plus facile de penser aux êtres chers qu’on a perdu sans pleurer. C’est important de toujours garder en mémoire les instants passés avec eux, je rêve aussi souvent de mes Anges…

  2. Décidément nous avons plusieurs points en commun, je me doutais que tu avais perdu ta maman car tu n’en parles pas dans ton blog. Alors moi c’était il y a 16 ans après 3 ans de combat contre cette fichue maladie qui brise tant de vie.
    moi aussi j’ai parlé très tôt de ma maman aux enfants, je crois que j’ai besoin de la faire vivre à travers eux.
    désolée pour ce comm un peu brouillon mais je suis dans la salle d’attente du doc

    • Je reviens car ce post raisonne énormément en moi et que ce matin j’étais donc chez le docteur avec les 4 loulous. En ce qui concerne le fait de leur parler de leur mamie qui est au ciel, beaucoup de monde me dit que je ne devrais pas surtout avec mon ainé qui est très sensible, à fleur de peau, mais j’ai besoin de leur parlé de leur mamie car ils ne l’ont pas connue. Je sais que quelque fois le grand lui parle le soir, et l’autre soir mon cadet m’à fait sourire car il est sorti dehors à « dit bonne année » et est rentré, quand je lui ai demandé ce qu’il faisait il m’à dit qu’il avait oublié de souhaiter la bonne année à mamie. J’étais contente car mon mari et la plupart des gens que je fréquente ne l’on pas connue et pour moi le pire c’est que l’on l’oublie, c’est pour cela que je leur en parle, pour ne pas oublier ma maman. J’aimerais bien comme toi qu’il me reste des choses de ma maman, mais je n’en ai pas beaucoup, elle est tombée malade j’ai 12 ans donc toutes les choses qu’une maman transmet à sa fille ont été un peu zappé et cela me manque. Mais bon c’est la vie, on se raccroche aux souvenirs, aux petits signes du destin moi aussi j’ai eu des signes pour mes grossesses ma maman est décédée le 8 décembre, pour l’ainé la date du terme était le 14 décembre, je ne voulais pas accoucher en décembre, il est né le 30 novembre; pour les jumeaux la DPA était le 9 décembre ils sont nés le 4 novembre. Je me suis toujours dis que malgré le fait que je ne voulais pas de bébé de décembre (ce qui à été respecté) elle m’envoyait quand même des signes. Désolée pour le pavé mais merci car cela fait du bien d’en parler. Bises

      • Merci pour ton témoignage. Beaucoup de points communs en effet, tu étais si jeune quand tu as perdue ta Maman c’est terrible. Je trouve que devenir mère sans les avoir à nos côtés n’est pas toujours facile, il nous manque la personne qui aurait pu nous guider et surtout je me dis qu’elles seraient si heureuses de pouvoir chérir nos (nombreux) enfants. C’est fou ces histoires de dates ! Quand j’ai perdu mon fils, qui est né sans vie le 14 juin, jour de l’enterrement de ma Maman 3 ans plus tôt, j’avais vu une psy à la maternité qui disait que souvent la vie nous jouait ce genre de tours, les dates anniversaires se rapprochent souvent. Et je comprend tout à fait que tu aies eu peur d’accoucher en décembre. Et tous ces signes, c’est évident qu’ils viennent de là-haut et surtout si ça nous aide d’y croire pourquoi s’en priver. A bientôt, bises.

  3. Très touchant ton billet ! J’ai toujours mes parents, mais ne m’entendant pas bien avec eux, je culpabilise parfois quand je pense aux personnes comme toi qui les ont perdus, mais chaque personne/relation est différente.
    Des bisous en tout cas !

    • Merci Marie ❤ Pas toujours facile les relations familiales, je trouve que tu es bien courageuse de faire encore tous ces efforts. Et je ne comprends pas qu'une mère puisse ne pas vouloir autre chose que le bonheur de ses enfants. Du coup je suis convaincue que ça fait de toi une merveilleuse Maman qui ne reproduira jamais les erreurs que tu vis avec la tienne. Je t'embrasse.

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